Burn baby burn

 

• Création au Studio-Théâtre de la Comédie Française – 2010, Mise en scène d’Anne-Laure Liégeois, Avec Isabelle Gardien, Suliam Brahim, Benjamin Jungens, Gilles David
• Création à Berlin au Deutsches Theater – 2013, Mise en scène Fabian Gerhardt – Pour voir quelques photos de la production, cliquez ici
• Création à Munich au Teamtheater – 2012/2013, Mise en scène Vincent Kraupner
• Création à Prague au Rock Café– 2010/2012, Mise en scène Jaromir Janocek
• Adaptation cinéma par Emilie de Monsabert en Argentine – tournage en 2013
• Lecture avec Lou Doillon – 2007, pour France Culture SACD – Texte Nu 

Bourse Beaumarchais – SACD, Festival Primeurs à Sarrebruck, Traduction en allemand et édition « Scène 12 », Prix des Journées d’Auteurs de Lyon, Prix Godot des collégiens et lycéens au Panta Théâtre à Caen, Festival Text’Avril à la Tête Noire

« Un terrain vague. Une station essence à l’abandon. Le soleil cogne dur. Aux cordes de guitare, un peu blues, aux intonations du narrateur (qui en fait trop), à ce tandem façon Thelma et Louise, on image que ça se passe en Amérique. Mais ça pourait être n’importe où ailleurs. On n’est pas dans un road movie, puisque les deux héroïnes sont là, échouées, presque immobiles. Hirip, douce dingue blonde, un peu fanée, longue robe à frous-frous, fleur dans les cheveux, rêve sa vie et se réinvente en braqueuse, serial killeuse, grande voyageuse. Violette, jeune brune nerveuse, transporte de la came en mobylette et ne rêve de rien, puisque « partout c’est la même merde ». Et puis voilà qu’elles s’attachent, un peu, et se prennent à s’imaginer ensemble, en virée, jusqu’à l’arrivée d’un livreur de pizzas. Il y a dans l’écriture de Carine Lacroix quelque chose qui rappelle Durringer. L’humour. La gouaille. La même révolte sourde. Le même espoir aussi, malgré tout. Et deux beaux portraits de femmes, fragiles et dures, incandescentes. Tout feu, tout flamme.  » Par Nedjma Van Egmond, Le Point, février 2010

« Voici un excellent spectacle que l’on a vu trop tard pour en parler efficacement. Un texte de Carine Lacroix, une mise en scène de Anne-Laure Liégeois et des interprètes remarquables, Isabelle Gardien, Benjamin Jungers, Gilles David, Suliane Brahim. (…) Burn baby burn est une proposition remarquable, très cohérente, intelligente. Anne-Laure Liégeois signe également la scénographie. C’est un thème que l’on retrouve souvent au théâtre ces temps-ci, mais particulièrement bien écrit, mis en scène, dirigé, joué. (…)
On les salue trop tard pour conduire vers eux plus de public, mais, bravo !
Studio-Théâtre de la Comédie Française. En espérant une reprise. » Par Armelle Héliot, le Figaro, mars 2010

(Extrait)

1

La terre tourne comme une toupie qui s’arrête trop vite
Elle tourbillonne
Elle tombe
Mais ça fait rire les enfants
On peut recommencer
Il y a toujours un moment ou ça tourne

Hirip et Violette ne jouent plus à la toupie
Même si l’une des deux a encore un regard émerveillé, c’est par accident
L’autre ne regarde plus
La terre tourne trop vite pour rien

Hirip est maigre, mais pas frêle
Elle a la vitalité des bêtes qui dorment dehors
Elle tourbillonne sans forme
Une flamme bleue
Violette a grandi trop vite
Elle cache son corps et ses impressions
En dessous ça gronde
Une braise jetée au fond d’un puits

Hirip et Violette ont le sang qui tressaille

Elles ne se connaissent pas encore

2

Quelque part

Une station essence désaffectée
De celles qui mélangent les enseignes rouillées, les murs craquelés et les mauvaises herbes
On l’a oubliée à côté de champs jaunes en pagaille, le long d’une route où plus personne ne passe
Il y a encore des chaînes qui serpentent, molles sur le bitume
Les carreaux sont cassés bien sûr
Tout ce qui a pu être abîmé a été abîmé
Il n’y a plus de raison maintenant d’y revenir

C’est un matin sans brume, déjà tiède
Les ombres sont encore souples
Oiseaux de passage
Au loin le grand axe
Fantômes de sons
Rien d’autre
Autour du poste à essence et des murs délabrés, rien d’autre que l’approche de la chaleur et des bourdonnements

Le temps
Imperturbable
Glisse sur lui-même
Avant d’être écrasant