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Dans un espace clos et indéterminé, Iso, une fille du futur, remonte à l’origine de ses insomnies. On y côtoie une héroïne scarifiée, des filles activistes, un pirate, un lézard cyborg. Tous vivent la nuit, dernier espace de liberté où les différences et les luttes convergent, joyeuses ou radicales.
Quartett éditions – préface de Patrice Douchet
Extrait
0.18
ISO – Quand le jour coule de l’autre côté de l’hémisphère, la nuit me prend à part et me raconte ses silences. C’est pas ce que je préfère. Dès qu’elle peut, elle force mes paupières, s’enroule comme une liane et m’envoie au fond de son ventre noir. Tapis de pierre brûlée, cocons de velours sombre, trous d’eaux obscures. Son paysage n’a rien d’électrique, ni de moderne, ni de sage. Il est seulement vaste et désolé. Je pèse le poids d’une plume ou d’un fardeau. Sans consistance ou trop lourde. La nuit avale les boussoles. Les étoiles, c’est du pipeau. La nuit n’en a pas. C’est une illusion d’optique, un fantasme de rêveurs.
Crache ta bile et tes chimères.
Ce qu’on voit n’existe déjà plus.
0.23
ISO – On dit que la nuit tombe. C’est faux. Elle sort de terre. Ronge les bleus clairs et actifs, joue de ses flous. Mélange désir espoir danger puis, reine tranquille, appuie sur la tête du soleil qui éclate à l’horizon. Promesses majestueuses, beautés de feu, émerveillements, qu’elle buvarde sans regret.
0.25
ISO – Ici où les murs sont des parois de nuit, sommes-nous nombreux ?
Choisis ou isolés ?
Rêvés ou endormis ?
Empêchés ?
Sommes-nous de la même nuit ?
0.26
Ici
Où elle
goutte à goutte
0.32
Comme une boucle
0.36
La nuit s’installe
dans les nerfs
recrache sur moi
le monde
et ma mémoire